3 La rentrée
La Rentrée
Lundi 15 septembre ! C’est le grand jour ! Tout l’équipe est là à 7 heures. Les petites filles dans leur uniforme tout neuf sont arrivées depuis longtemps déjà. De nombreux parents sont également là. A 7 h.30, les petites filles sont alignées par classes pour la levée des drapeaux cambodgien et français. Stéphane et Vincent, le caméraman arrivé hier (film pour le site de Toutes à l’école et pour la télé), ont de quoi faire ! Les petites filles, très disciplinées, chantent leur hymne national pendant que quatre d’entre elles hissent les 
drapeaux le long des mâts. C’est très émouvant .
Me voici enfin, fébrile comme une jeune débutante, devant le rang de ma première classe (j’en ai 4), des petits bouts de choux de 6 à 8 ans . Je les fais monter en file indienne, non sans mal et elles découvrent toutes (sauf quelques redoublantes) une salle de classe pour la première fois. Lourde tâche sur mes épaules : il va falloir que je leur apprenne les rudiments de l’anglais et de la graphie occidentale. Je vais commencer par des exercices de graphisme basiques car elles n’ont pas fait de maternelle, et au début, l’anglais ne sera étudié qu’oralement. J’aurai chaque classe 6 heures par semaine. La majorité de l’enseignement se fait en kmer et Tina tient aussi à ce qu’elles aient des cours de « valeurs », ce que nous appelions dans « la vielle école » des cours de morale, et je trouve ça très bien.
Cette première journée est épuisante ! Il faut aller chercher les petites filles à chaque changement de classe. Certaines ne savent pas bien leur nom, d'autres se perdent d’un cours à l’autre. Heureusement, nous arrivons à les remettre dans la bonne classe grâce aux petits rubans de couleurs différentes que nous avons attachés à leurs poignets. Pour moi, la tension est importante car il m’est difficile de communiquer avec elles et j’ai souvent recours à ma traductrice. Mais, en fin de journée, lessivée et fourbue, je me rends compte avec soulagement, que même les jeunes sont dans le même état. Ce n’est qu’à 19 heures, après notre dernier briefing avec Tina que nous pouvons enfin aller nous reposer, après 12 heures non stop. Je n’ai pas la force d’en faire davantage : après avoir avalé la moitié d’une boite de thon, je me couche à 8 heures pour dormir enfin car demain, il va falloir à nouveau être en forme !